vendredi 21 septembre 2018

Les ravages de l’industrie de la bière en Afrique

Une population jeune en pleine croissance, un pouvoir d’achat en hausse… Le continent est un eldorado pour les géants du secteur qui ne reculent devant rien.  

Dans son rapport de 2017 sur les risques sanitaires de l’alcool en Afrique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiétait de la hausse de la consommation à risque. « Le continent africain fait face à un risque croissant de la consommation nocive d’alcool et ses effets désastreux. Il n’y a pas d’autre produit de consommation aussi largement disponible que l’alcool qui entraîne autant de morts prématurées et de problèmes de santé. Il y a deux caractéristiques majeures qui permettent de décrire le paradoxe de la consommation d’alcool en Afrique : un haut niveau d’abstinence dans certains pays et un haut volume de consommation avec des conséquences sanitaires et sociales sévères dans d’autres pays», note l’OMS.Sur le continent, la consommation d’alcool est bien plus faible dans les pays à forte majorité musulmane où la vente d’alcool est très encadrée, et l’achat d’alcool très mal vu socialement. En Afrique du Nord, en Somalie ou au Soudan, les débits de boissons sont trop faibles pour intéresser les grandes multinationales du marché des spiritueux. C’est plutôt dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne qu’Heineken, Carlsberg, AB InBev et Diageo (propriétaire de la vodka Smirnoff) déploient un marketing agressif pour séduire des millions de consommateurs et consommatrices potentielles
« La publicité pour la bière envahit les rues »
Le long des grandes artères de Bamako, Nairobi ou Brazzaville, les pancartes immenses à l’effigie de marques de bières se succèdent et vendent les boissons à l’occasion de compétitions de football ou de concerts qu’elles sponsorisent. En Côte d’Ivoire, « depuis l’arrivée en 2016 du groupe néerlandais Heineken, qui a brisé le monopole détenu depuis soixante ans par la Société des limonaderies et brasseries d’Afrique (Solibra), propriété du groupe viticole français Castel, la publicité pour la bière envahit les rues »rapportait l’AFP en 2016. Ce que nous confirme Alain Tahi, président de la Fédération des associations des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire. « La publicité se multiplie dans les rues et il n’y a aucune indication sur le fait que l’alcool est interdit aux mineurs », se désole-t-il.
À Kinshasa, des quartiers entiers sont repeints en bleu, la couleur de la marque Primus. Au Nigeria, nombreux sont les fans de foot qui ne parlent pas de l’UEFA Champions League mais de la Heineken Champions League, raconte Olivier Van Beemen dans son livre. « Chez nous, le nom de la marque est programmé à l’écran pendant la diffusion des matchs. Ça marche de manière fantastique pour eux ! Ils profitent qu’il n’y ait pratiquement pas de limitations. On ne peut pas imaginer tout ce qui est possible ici », se désole Ifedapo Adeleye, un spécialiste en marketing nigérian interrogé par le journaliste néerlandais […]

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