Ce qu'il faut d'abord dire, c'est que le phénomène des conversions à
l'islam est plus tangible aujourd'hui que dans le passé. L'islam dans le
débat public est mal perçu. La peur et l'interrogation des proches de
convertis sont donc réelles, parce que le débat public est chargé de ce
courant stigmatisant.. D’ailleurs, le
nombre de convertis qui partent faire le djihad (entre 500 et 600) et
leur profil n'est pourtant pas du tout représentatif du phénomène
général de la conversion à l'islam, qui compte au total autour de 40 000 convertis en France, selon les estimations de Loïc Le Pape dans sa
thèse datée de 2007. On ne peut pas nier qu’il y a
certains convertis qui sont partis pour faire le djihad, mais pour
comprendre et décrire ce phénomène avec toute objectivité, il nous faut
nous appuyer sur les outils et les travaux scientifiques.
Même si aucune typologie sur la conversion est parfaite pour nous faire
un éclairage exacte, les conversions étant des phénomènes complexes et
multifactoriels. Je peux dire que la conversion à l'islam ne se déroule
pas de la même manière pour tous. Certains témoignages de convertis
mettent en avant la médiation onirique, le fait d'avoir fait des rêves
déterminants pour eux. D'autres ont privilégié la quête ontologique :
qui s’intègrent d’ailleurs à la typologie rationnelle, ils témoignent du
fait que l'islam a des valeurs à leur offrir, comme le mariage et
l'importance accordée à la famille. Un élément qui revient fréquemment
chez les convertis, d'ordre théologique, est celui de la croyance
islamique en un Dieu unique, l'idée que la conception de Dieu en islam
est très logique. Certains expliquent n'avoir jamais compris le dogme de
la Trinité dans le catholicisme. Des femmes converties à l'islam ont
expliqué que le statut de la femme en islam leur convenait, était
respectable à leurs yeux, ce qui tranche singulièrement avec l'image
relativement négative véhiculée à propos de la considération de la femme
par l'islam. Dans les parcours de conversion masculines, on retrouve la
rhétorique du sens apporté à leur vie, l'islam leur donne des valeurs,
un cadre, et les incite à respecter leurs parents. Sur le plan de
l'origine religieuse des convertis, il n'y pas de profil type. On peut
trouver de tout, des convertis anciennement athées, catholiques,
protestants, juifs, etc…
Le converti n’est pas un philosophe capable de critiquer objectivement
ce qu’il est et ce qu’il fait. Distinguer le comportement du converti de
sa spiritualité est donc difficile. Si nous prenons ce que dit leur foi
et ce qu'eux-mêmes pratiquent et vivent, il y a une différence. Par ailleurs, beaucoup de convertis masquent leur religiosité à cause
du contexte négatif autour de l'image de l'islam et de la montée de
l'islamophobie, pour ne pas être victimes de stigmatisation, ce qui tend
une nouvelle fois à complexifier la perception et le décryptage de
leurs comportements sociaux, autrement dit leur religiosité pour
comprendre leur foi.
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