samedi 20 août 2022

Les Arabes vus par un persan Ibn El-Mokaffa 

Il dit : « Si je n'ai pas eu le noble lot d'être né Arabe, il ne m'a pas échappé de savoir que l'Arabe a tissé sans avoir un type ; qu'il est supérieur aux autres par sa force et par son application; qu'il est apte à ce qui est facile et difficile; s'il décrit une chose avec son esprit, il sert de modèle; s'il l'a faite, il devient une autorité; ce qu'il veut, il le fait bien et atteint la beauté; il conquiert ce qu'il veut; son esprit fait son élévation, son intrépidité sa gloire, aussi a-t-il acquis la plus haute renommée et la plus grande illustration. »
Lorsque Dieu eut honoré les Arabes en leur envoyant Mohammed, fils d'Abd-Allah, dans les temps où ils possédaient ces belles dispositions et ces vertus glorieuses, ils aspirèrent à l'envi à accroître leur mérite et se précipitèrent vers l'acquisition des sciences et des connaissances dans lesquelles ils atteignirent un degré inconnu aux anciens. Ils laissèrent en très peu de temps de grands monuments de leurs travaux : fondations de villes, constructions de ponts, ouvertures de canaux. Mouça, fils de Noçaïr, fit arriver la mer sur un espace de douze milles jusqu'à l'Arsenal, à Tunis ; il construisit cent vaisseaux, envahit la Sicile et s'en empara. Amr, fils d'El-Aâçi joignit le Nil à la mer de Kolzoum dans l'espace d'une année et les vaisseaux y naviguèrent. A partir du kalifat d'Omar, fils d'El-Khattâb, jusqu'après celui d'Omar, fils d'Abd-el-Aziz, on creusa le canal qui est du côté d'El-Fostât et qu'on appelle canal de l'Émir des Croyants, et on le poussa jusqu'à Kolzoum. Dans la suite, les préfets le laissèrent perdre ; il fut abandonné et le sable l'encombra; il fut interrompu et se termina à Denb Et-Temsâh (la queue du crocodile).Les Arabes furent doués, pour composer dans les diverses sciences, d'une aptitude que personne n'avait eue avant eux, au point qu'ils eurent parmi eux des hommes qui composèrent sur les diverses sciences trois mille ouvrages et plus. On raconte que la bibliothèque d'Égypte sous la dynastie des Obeïdites comptait deux millions six cent mille livres. Certains ouvrages avaient cent volumes et même jusqu'à trois cents, comme le commentaire d'Er-Râzi et autres. Leur empire s'étendit plus loin qu'aucune nation n'avait fait avant eux, depuis Adam jusqu'à présent. Puis la décadence arriva et Dieu les fit changer comme ils avaient changé la situation des nations. Toute chose qui arrive à son apogée est à sa fin.
« Lorsqu'une chose est terminée, son déclin commence ; prends garde à la décadence lorsqu'on dit : « C'est fini. ». 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire