Alors qu’elle s’apprête à faire ses courses chez Ikéa en région
parisienne, Mme M, est photographiée par un homme d’une trentaine
d’années. Surprise, elle va à sa rencontre et lui demande s’il l’a
réellement prise en photo, ce à quoi il répond oui, sans aucune gêne.
Mme M lui demande de supprimer la photo immédiatement, en lui indiquant
que ce qu’il vient de faire est contraire à la loi. « Je fais ce que je
veux » lui répond-il alors, en ajoutant qu’elle ne connait rien à la
loi.Le ton monte. Il la tutoie. Elle lui demande de la vouvoyer, et réitère sa demande.
« On ne voit rien, t’es qu’un bras noir, Belphégor, de toute façon t’es
déjà sur internet, je combats ton projet politique » lui rétorque-t-il.
Elle tente de garder son calme. Elle lui explique qu’elle n’a pas rien à
voir avec la politique, qu’il ne faut pas faire d’amalgames, et lui
demande pour la énième fois de supprimer la photo.
Toujours plus agressif, il continue de plus belle et se met à crier
qu’elle veut instaurer la chariah en France, qu’elle est du côté de
Daesh et qu’elle veut égorger les non-musulmans.
Témoins de la scène, trois personnes s’interposent et demande à l’homme
de se calmer et de supprimer la photo. L’homme continue à s’énerver et à
insulter Mme M.
La police arrive. Ils sont cinq.
Les policiers demandent à Mme M de poser son sac et de ne pas bouger.
C’est alors qu’ils commencent à la fouiller et à la palper en la
questionnant :
« Etes-vous armée ? […] Avez-vous proféré des paroles en arabe type ‘Allahou Akbar’? ».
L’homme, lui, a quitté les lieux avant la présence policière.
Un policier indique à sa collègue de s’attarder sur ses mollets « parce qu’il a dit qu’elle était armée aux mollets ».
Tout s’explique.
L’homme, en plus d’avoir pris en photo Mme M, de l’avoir diffusée sur
internet, de l’avoir insultée et menacée, a appelé la police en
prétendant à tort que la victime serait dangereuse et armée.
Mme M est choquée et en pleurs. « Il a le droit de la prendre en photo.
Par contre il n’a pas le droit de la diffuser sur internet » continue
un policier sans pour autant tenter de la rassurer.
A aucun moment les insultes, les menaces ou la dénonciation calomnieuse de l’homme ne sont évoquées.
Mme M a été agressée verbalement par un homme qui l’a préalablement
photographiée pour alimenter un site de diffusion d’idées
discriminatoires et islamophobes et s’est livré à une dénonciation
calomnieuse à son encontre. A aucun moment la police n’a inquiété
l’agresseur. A aucun moment elle n’a demandé à la victime si elle
voulait porter plainte, alors qu’elle dispose du numéro de téléphone de
l’agresseur et qu’elle pourrait par conséquent accéder à son identité.
La dénonciation calomnieuse à laquelle s’est livré l’agresseur semble
être devenue légale. Le CCIF, qui a été saisi de l’affaire, a encouragé
la victime à porter plainte, ce qu’elle a fait.
Ensemble, nous sommes plus forts. (Oumma-octobre 2015).