à avoir été
“admis” à l’université du Mississippi, qui permettra à la lutte pour
les droits civiques aux Etats-Unis de faire un grand bond en avant.
C’est aussi l’histoire de Paul Guihard, un journaliste blanc, qui mourra
pour avoir couvert l’évènement.
Le 30 septembre 1962, des émeutes
éclatent à l’université du Mississippi : les manifestants s’opposent à
l’admission de James Meredith, premier étudiant noir de l’établissement.
Jusque-là, jamais un Noir n’avait franchi la longue allée ombragée qui
mène à l’université du Mississippi, à moins d’être jardinier ou employé
au nettoyage de la célèbre institution.
Ce jour-là, James Meredith
passe l’infranchissable frontière, malgré les 3 000 personnes qui
s’étaient massées à l’appel du White Citizens Council (sorte de Ku Klux
Klan de la haute société), dont le message était simple : « Prenez les
armes pour défendre le statu quo d’une Amérique blanche contre le péril
que représente la décision de l’université ».
Rameutés par les ségrégationnistes les plus farouches, des émeutiers,
souvent armés, se regroupent autour de l’université. Les émeutes
éclatent.
Plusieurs agents fédéraux escortent l’étudiant, sur
ordre de John Fitzgerald Kennedy. Environ 16 000 policiers et militaires
se déploient à Oxford, ville siège de l’université du Mississippi,
durant les trois jours que dureront les émeutes.
Paul Guihard, âgé
d’à peine trente ans, reporter au bureau de l’Agence France-Presse à
New York, est envoyé couvrir ces émeutes consécutives à la décision de
la cour de justice fédérale, validant la candidature de l’étudiant noir
américain. Il embarque sur un vol New York-Jackson, à bord duquel une
hôtesse pleine d’aplomb lui demande s’il va couvrir “le truc nègre”.
Abattu dans le dos sur le campus, quasiment à bout portant, il fut le
seul journaliste tué durant les violences qui ont émaillé le mouvement
pour les droits civiques aux Etats-Unis. L’enquête a été close, sans
aucun élément indiquant l’identité ou les motivations du tireur, et n’a
jamais été rouverte. Dans sa dernière dépêche, écrite le jour même, il
avait écrit : « La Guerre civile américaine ne s’est jamais vraiment
terminée ».
James Meredith voulait être un étudiant comme les
autres, Paul Guihard un bon reporter. La haine raciale, mais aussi leur
courage, les a fait entrer dans l’Histoire.
Dans l’Amérique
d’aujourd’hui, on ne parle plus de ségrégation, mais racisme et
couverture médiatique sont des problèmes qui perdurent. La dernière
dépêche de Paul Guihard semble, malheureusement, toujours d’actualité.Hayet Bouzalmad - 2016 Oumma
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire