Vue de l'étranger, l'interdiction du port du burkini sur des plages françaises (à
Cannes et
Villeneuve-Loubet plus précisément) suscite ironie et consternation.
"Les autorités devront distinguer les nageurs en burkini et ceux en combinaison de plongée",
écrivent avec une pointe d'humour nos confrères anglais de la BBC. Idem du côté de
The Independent qui titre, en toute ironie : "Le burkini interdit sur les côtes françaises - pour protéger les gens". De l'autre côté de l'Atlantique, l'
International New York Times y va même un plus fort: "La France désigne la dernière menace sur sa sécurité: le burkini".
Mais outre les remarques portant sur le caractère dérisoire de ces
arrêtés, d'autres critiques ciblent le fond du problème et pointent
l'argumentaire des deux maires LR qui ont procédé à ces interdictions.
Pour Hilary Hanson, journaliste au
Huffington Post américain, cette mesure
est tout simplement "stupide et sexiste".
"C'est absurde et statistiquement faux de confondre musulmans et
terroristes. Et les gens opposés à l'interdiction soulignent que ces
arrêtés ne vont pas arrêter l’extrémisme, mais participeront à
l'isolement d'une communauté", écrit-elle. Notre consœur rappelle les
propos du directeur général des services de la ville de Cannes, qui voit
dans ces tenues une "allégeance à des mouvements terroristes qui nous
font la guerre".
La BBC a également
collecté de nombreux témoignages de femmes musulmanes,
et toutes ne comprennent absolument pas pourquoi ce maillot crispe
autant dans l'Hexagone. Mais alors, comment expliquer une telle
différence d'approches entre les pays anglo-saxons et la France ?
"En Grande-Bretagne comme aux États-Unis, cette mode-là ne choque pas autant qu'en France", expliquait au
HuffPost
Hanna Woodhead, doctorante à la faculté de théologie de Genève qui
travaille depuis deux ans sur la mode religieuse et en particulier sur
la notion de pudeur, citant en exemple les fonctionnaires musulmanes de
la police londonienne
dont la tenue comprend un voile, comme celle de leurs confrères sikh, un turban.
Pas
étonnant donc que la presse anglo-saxonne soit interloquée par ces
arrêtés, d'autant plus à la lecture de certains arguments avancés par
les maires de Cannes et Villeneuve-Loubet, tels que "les règles
d’hygiène", "la sécurité des baignades", ou "la prévention des troubles à
l'ordre public". "Si les troubles à l'ordre public sont la principale
préoccupation de David Lisnard (le maire de Cannes, ndlr), gageons qu'il
saura aussi interdire toute apparition publique de star" dans sa ville,
écrit aussi Hilary Hanson...
Le HuffPost
- aout 2016 .